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Depuis la fondation de la Police provinciale le 1er mai 1870, l’emblème joue un rôle identitaire central et représente de nombreuses facettes de l’organisation. La force de l’emblème se reconnaît dans son caractère qui soulève la fierté de l’appartenance à la Sûreté du Québec et officialise son existence vis-à-vis des citoyennes et citoyens du Québec.
Depuis 1870, une multitude de changements provoquent la mutation de l’emblème, tant dans sa forme que dans ses couleurs. L’emblème actuel est bien loin de l’emblème original.
Au fil du temps, les armoiries du Québec y sont présentées de façon constante. Les emblèmes plus anciens montrent la première version des armoiries, qui sont concédées par la reine Victoria en 1868, rappelant l’appartenance à la couronne britannique. Par la suite, les emblèmes arborent la deuxième version des armoiries du Québec, qui sont concédées par le roi Georges VI en 1939. Le ministère de la Justice du Québec offre la description numismatique officielle des armoiries de 1939 :
« Tiercé en fasce; d'azur, à trois fleurs-de-lis d'or; de gueules, à un léopard d'or, armé et lampassé d'azur; d'or, à une branche d'érable à sucre à triple feuille de sinople, aux nervures du champ. Timbré de la couronne royale. Sous l'écu, un listel d'argent bordé d'azur portant la devise JE ME SOUVIENS du même. »
À partir des années 1970, suivant les normes de représentation officielle du gouvernement du Québec, les armoiries laissent leur place centrale à la fleur de lys, autre symbole fort. Par la suite, l’évolution de la fleur de lys au sein de l’emblème s’ajustera à l’évolution des normes de représentation du gouvernement du Québec.
Ainsi, une partie de l’identité québécoise se reflète dans la présentation visuelle soignée. Des liens historiques forts existent entre la Sûreté du Québec et les périodes française et britannique. Le choix des couleurs n’est pas laissé au hasard. Le bleu et le blanc calquent le drapeau du Québec, le fleurdelisé. Plus colorés, le vert et le jaune sont directement liés à l’histoire de la Sûreté du Québec, devenant les couleurs officielles de l’organisation au début des années 1960.
Parallèlement à l’emblème, le nom de l’organisation a aussi changé au cours de son histoire. De « Police provinciale de Québec » à sa fondation en 1870, il deviendra « Police provinciale » en 1922. En 1938, une nouvelle loi de police vient modifier le nom de l’organisation, qui sera désormais « Sûreté provinciale du Québec ». De 1940 à 1961, l’organisation prend le nom de « Sûreté provinciale de Québec » pour revenir par la suite à « Sûreté provinciale du Québec » en 1961. C’est en 1968, en sanctionnant une nouvelle loi de police, que le gouvernement octroie à l’organisation le nom perdurant encore de nos jours, soit celui de « Sûreté du Québec ».
Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020
Avant l'acquisition par la Sûreté provinciale d'une véritable flotte de véhicules identifiés, la patrouille des routes du Québec s'effectue essentiellement en motocyclette. Néanmoins, entre les années 1930 et 1945, quelques voitures de modèles différents non identifiés sont de plus en plus utilisées.
En mars 1945, la Sûreté provinciale se dote d'une flotte de véhicules de patrouille identifiés. Le modèle acquis à l'époque est une Plymouth Special De Luxe. Ces voitures sont dotées d'un phare fixe sur le toit et d’un premier système radio d’envergure régionale.
Ces voitures se retrouvent en périphérie des grands centres tels que Montréal et Québec, puis ensuite Trois-Rivières et Sherbrooke. Pour sa part, la motocyclette continue d'être largement utilisée dans les régions.
Ce n’est véritablement qu’à partir du milieu des années 1950 que l’automobile détrône la motocyclette en tant que principal outil de travail des policiers de la route. C’est aussi dans ces mêmes années que les premières lumières clignotantes rouges sont installées en remplacement du phare fixe sur le toit du véhicule, une innovation améliorant la visibilité de la voiture de patrouille en situation d’urgence.
Bien que le nom officiel de l’organisation soit la Sûreté provinciale du Québec depuis 1938, les voitures de l'époque portent l'emblème bilingue de la Sûreté provinciale, indiquant « Provincial Police » sur la portière de gauche et « Police provinciale » sur la portière de droite.
La Révolution tranquille, au début des années 1960, apporte son lot de changements, y compris à la Sûreté provinciale. S'amorce alors une vague de réformes dans la formation des policiers, l'embauche et les façons de faire au sein de l’organisation.
Durant cette décennie, la présence policière s'accroît et les effectifs également, ce qui impose une augmentation importante du parc de véhicules : celui-ci passe de 582 véhicules en 1962 à 928 en 1968.
Un des changements majeurs des années 1960 pour l’organisation est l'adoption de nouvelles couleurs. Les uniformes et les véhicules passent au vert, couleur qui devient emblématique pour la Sûreté du Québec.
Les nouvelles autopatrouilles sont vertes avec des portières jaunes, et sont dotées des premiers gyrophares rotatifs ainsi que du phare « police stop » sur le coin de l’aile avant droite. Comme les phares intermittents n’existent pas, cette lumière clignotante permet au policier de se placer à égalité du véhicule qu’il veut intercepter et d’indiquer au conducteur qu’il doit s’immobiliser.
C’est aussi dans les années 1960 qu’un numéro d’identification est octroyé à chacun des véhicules identifiés de la flotte. Les premiers numéros d’identification se retrouvent uniquement à l’intérieur de l’automobile, sur le tableau de bord. Composé de caractères alphanumériques, le numéro se lit comme suit, par exemple pour M143MR : Montréal; voiture 143; marquée; pourvue d’une radio de communication.
Au début des années 1970, les véhicules à deux portes sont abandonnés au profit de modèles à quatre portes, beaucoup plus pratiques. Les véhicules commencent également à être identifiés par une numérotation sur les côtés et sur le toit.
Un premier système de lumières plus élaboré sur le toit des véhicules fait son apparition. Ce système est composé d’un gyrophare au centre et de deux feux clignotants aux extrémités. Il est familièrement appelé « Mickey Mouse » dans le jargon policier.
Ce n’est que vers la fin des années 1970 qu’apparaissent les premières lumières bleues sur les gyrophares. Avec le temps, les gyrophares bleus deviennent exclusifs aux véhicules de police, alors que les gyrophares rouges sont utilisés par tous les types de véhicules d’urgence.
En 1980, la Sûreté du Québec intègre la Police des autoroutes dans ses rangs. Ce corps policier travaille alors exclusivement sur les autoroutes à péage du Québec. Lors de l'intégration de la Police des autoroutes, la Sûreté du Québec fait également l'acquisition de sa flotte de véhicules. Ceux-ci gardent leurs anciennes couleurs, mais avec l'ajout de l’identification de la Sûreté du Québec.
Au début des années 1980, le Québec est secoué par une grave crise pétrolière. La Sûreté du Québec doit revoir ses choix de véhicules, abandonnant les grosses cylindrées (V8) pour des modèles plus économiques (V6).
La Chevrolet Malibu 1980 est la dernière grosse cylindrée acquise par la Sûreté du Québec avant ce changement de cap. Ce modèle est doté de gyrophares bleus et rouges positionnés aux extrémités du toit de l’automobile, éliminant par le fait même les feux clignotants latéraux des modèles précédents.
En temps de compressions budgétaires et de réduction de la taille des véhicules de la Sûreté du Québec, la Plymouth Caravelle 1982 s'avère le meilleur compromis entre les modèles intermédiaires. C’est une voiture qui semble appréciée de l’ensemble des policiers.
En 1983, la récession force la Sûreté du Québec à acheter des véhicules plus compacts et économiques. Cependant, ils sont aussi moins performants. Au cours de ces années, la Sûreté du Québec doit mettre en place plusieurs autres mesures afin de limiter ses coûts, telles que la patrouille statique obligatoire, la limite de kilométrage et un gel d'embauche de sept ans.
Pour desservir les réserves autochtones du Grand Nord québécois, la Sûreté du Québec se dote de véhicules 4 x 4, plus adaptés aux conditions difficiles. Ces véhicules sont identifiés aux couleurs et à l’emblème de l’organisation jusqu’à ce que les communautés autochtones assurent la prise en charge totale de leur police. Elles apposent alors leur propre emblème sur les véhicules aux couleurs de la Sûreté du Québec pour ensuite y ajouter leurs couleurs.
Appuyée par des études américaines concluant que le blanc est la couleur qui réfléchit le mieux la lumière, la Sûreté du Québec fait l’acquisition de ses premières voitures blanche après 23 ans de voitures vertes et jaunes. Le blanc devient alors progressivement la couleur officielle de base de toute la flotte automobile. La transformation de la flotte de voitures de patrouille se fait sur une période de trois ans.
À partir de 1991, les véhicules sont munis de gyrophares plats beaucoup plus puissants, d’un système de contrôle des équipements lumineux et de sirènes fabriquées par l’entreprise Signaflex à Victoriaville. La sirène est maintenant indépendante de la radio et possède un répertoire de sons beaucoup plus vaste et varié. Le système manuel de gestion de la sirène, fabriqué par la compagnie Bell et ses sous-traitants, est remplacé par un système de boutons-pressions.
Au cours des années 1992 à 1996, la Sûreté du Québec fait uniquement l'acquisition de voitures de marque Chevrolet Caprice. Seule différence significative : elle abandonnera en 1993 les Chevrolet Caprice V8 pour les V6, qui sont plus économiques.
Avec la fin de la production du modèle Caprice de Chevrolet en 1996, la Sûreté du Québec est contrainte de changer de modèle d’automobile. Avec son moteur 4,6 litres, le modèle Crown Victoria de Ford, acheté à partir de 1998, mais appelé Police Interceptor dès 1999, fait partie des véhicules les plus fiables et robustes utilisés par les corps de police nord-américains.
Dans le but de pouvoir intervenir efficacement auprès de l’ensemble des usagers de la route, la Sûreté du Québec fait l’acquisition de ses toutes premières voitures semi-identifiées et semi-banalisées. Pour ce type de véhicule, les gyrophares sont remplacés par des feux alternatifs bleus et rouges ainsi qu’un stroboscope placé dans le pare-brise. La Sûreté du Québec se les procure entre 2000 et 2003.
Le 3 mai 2005, la Sûreté du Québec fait le lancement officiel de la nouvelle identité visuelle de ses véhicules identifiés. Celle-ci affiche des éléments des armoiries de l’organisation tels que l’écu échiqueté or et vert sur les côtés, l’avant et l’arrière ainsi que l’écu de la grande fonction sur le montant arrière.
En 2008, la hausse du prix de l’essence et la pression sociale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre incitent les organisations publiques et privées à prendre un virage vert. La Sûreté du Québec se tourne alors vers des voitures moins énergivores, comme la Dodge Charger, une voiture munie d'un moteur V6, mais étonnamment puissante. Ce modèle devient prédominant dans la flotte au cours des années suivantes.
Durant les années 2010, les Dodge Charger et les Ford Taurus sont toujours présentes sur nos routes. Celles-ci sont équipées de protège-calandre (push bars) ou de flèches directionnelles. Dans le cadre de leur travail, elles sont également appuyées par des véhicules munis d'un système de reconnaissance de plaques.
Quelques mois après avoir présenté ses nouveaux uniformes, la Sûreté du Québec dévoile, en juillet 2017, la nouvelle apparence de ses véhicules identifiés. Les uniformes et les véhicules arborent maintenant la couleur noire de façon prédominante tout en conservant le vert comme couleur caractéristique.
Le déploiement des nouvelles voitures est amorcé à partir de l'automne 2017. Le renouvellement complet du parc de véhicules de première ligne est prévu se faire en trois ans à un coût nul. Les véhicules en fin de vie sont graduellement remplacés par les nouvelles autopatrouilles noires.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Le 21 février 1957, la « Loi autorisant la construction d’une autoroute Montréal-Laurentides » est adoptée par le Conseil législatif et l’Assemblée législative du Québec. Celle-ci, en plus d’autoriser la construction de l’autoroute Montréal-Laurentides, aujourd’hui l’autoroute 15, amène également la création de l’Office des autoroutes. Le mandat de ce dernier est de superviser et d’organiser la construction des routes, des ponts, des viaducs et des tunnels majeurs au Québec, ainsi que de veiller à leur entretien et à l’observance des lois de circulation sur ces infrastructures. La nouvelle loi lui octroie aussi le pouvoir de mettre en place des postes de péage et d’en établir les taux, mais surtout, le droit de mettre sur pied une police pour faire respecter la législation en lien avec les autoroutes. En 1959, après l’ouverture de l’autoroute 15, l’Office des autoroutes crée donc la Police des autoroutes dans cette optique.
La popularité des autoroutes est immédiate, et la circulation automobile est plus importante que prévu. Le réseau autoroutier, plus particulièrement l’autoroute 15, est littéralement pris d’assaut par plus de quatre millions d’automobilistes. Une telle affluence apporte nécessairement un grand nombre d’accidents et d’accrochages. En 1962, un ancien membre de la Gendarmerie royale du Canada, monsieur Fernand Trépanier, est nommé inspecteur en chef de la Police des autoroutes. Son but étant de faire respecter les lois et, par le fait même, de réduire le nombre d’accidents et d’accrochages recensés en 1961, Trépanier décide d’augmenter à 20 le nombre d’agents au sein de son service de police.
En juin 1980, les 111 policiers de la Police des autoroutes sont intégrés à la Sûreté du Québec et leur organisation est abolie. Ils sont officiellement assermentés le 30 mai 1980 au Grand quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. Cet événement marque l’aboutissement du désir des agents des autoroutes d’être reconnus à part entière comme de « vrais policiers ».
Depuis la création de l’Association des policiers des autoroutes du Québec en 1974, tous les efforts de cette dernière sont orientés vers l’obtention d’un statut de policier et, par la suite, l’adhésion à la Sûreté du Québec. Le travail acharné du président de l’association, monsieur Marcel Ouellette, et les recommandations d’intégration de la Police des autoroutes faites par la Sûreté du Québec depuis une décennie ont porté fruit. En effet, le gouvernement québécois adopte, le 21 décembre 1979, la loi 48 permettant l’adhésion des policiers des autoroutes à la Sûreté du Québec. L’ancienneté et les conditions de travail des agents sont respectées, mais ceux-ci doivent tout de même suivre une formation de mise à niveau.
En 1984, la Sûreté du Québec hérite également de l’application des règlements liés au transport routier. Ainsi, les surveillants du Service d’inspection du ministère des Transports sont aussi intégrés dans l’organisation. Ce mandat est cependant de courte durée, puisqu’en 1991, cette responsabilité est remise à la Société de l’assurance automobile du Québec.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
L’intégration des femmes dans les forces policières au Québec marque un tournant historique, à la fois pour les institutions de sécurité publique et pour la société québécoise. Avec leur arrivée progressive dans les rangs policiers, les femmes ont contribué non seulement à diversifier les effectifs, mais également à modifier la culture organisationnelle des corps policiers. Cette transformation a remodelé un domaine autrefois perçu comme exclusivement masculin.
Au-delà de leur présence, les policières ont joué un rôle déterminant d’innovatrices, notamment dans les domaines du service à la communauté, de la prévention du crime, de l’aide aux victimes de violences sexuelles et conjugales, de la communication active et de la désescalade de la tension dans la gestion de crises. Elles ont aussi progressivement fait leur place dans des postes de cadres intermédiaires et de direction, souvent contre vents et marées, en redéfinissant les standards du leadership dans un environnement encore marqué par des résistances culturelles.
Intégration progressive des femmes dans la sécurité publique
Au Québec, les femmes civiles intègrent la Police provinciale dès 1920, mais leur rôle se limite au travail de bureau. En 1925, la Police provinciale embauche des matrones, surnommées également femmes de peine, pour assurer la fouille, l’escorte et la garde des prisonnières. Toutefois, elles ne disposent d’aucun pouvoir d’arrestation ni du droit de porter une arme à feu. Elles travaillent dans les établissements de détention pour femmes de Montréal et de Québec et sont payées à la journée. À partir de 1962, leur poste devient permanent. Elles reçoivent alors le même uniforme que les autres membres de l’organisation, à l’exception de l’écusson d’épaule distinctif les identifiant comme matrones.
Le 17 juin 1975, durant l’Année internationale de la femme et dans un moment charnière du féminisme québécois, Nicole Juteau devient la première policière embauchée par la Sûreté du Québec. Pourtant, le règlement no 7 de la Commission de police du Québec sur les normes d’embauche des policiers ne prévoit pas l’embauche de femmes, exigeant qu’un policier soit un homme d’au moins 5 pieds 8 pouces et de 140 livres. Ce règlement la prive d’exercer pleinement ses fonctions jusqu’à ce qu’il soit modifié, le 21 août 1975. En attendant, elle est cantonnée au travail de bureau jusqu’à son assermentation le 11 septembre 1975, devenant alors la première policière québécoise investie des mêmes devoirs et pouvoirs que les policiers masculins.
Ailleurs au Québec, le Service de police de Gatineau-Métro est le premier à suivre la Sûreté du Québec en embauchant une policière le 22 octobre 1975, suivi du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal le 11 juin 1979, puis du corps de police de la Ville de Québec, qui accueille ses deux premières policières en 1980. Par effet domino, ces embauches favorisent progressivement l’intégration des femmes dans les corps policiers municipaux du Québec.
Au Canada, la Police provinciale de l’Ontario assermente ses premières policières le 21 juin 1974. La Gendarmerie royale du Canada assermente 32 femmes à travers le Canada le 16 septembre 1974, et la Force constabulaire royale de Terre-Neuve fait de même le 15 décembre 1980.
Nicole Juteau : une pionnière dans la police québécoise
En 1972, Nicole Juteau amorce un parcours hors du commun en s’inscrivant en techniques correctionnelles au collège Ahuntsic, faute de pouvoir accéder directement au programme de techniques policières, alors interdit aux femmes. L’année suivante, elle intègre finalement le cursus policier, malgré les avertissements sur son avenir professionnel limité. On l’informe qu’aucun poste ne lui sera offert comme policière à la fin de sa formation et on lui fait signer un document de désengagement d’embauche.
En janvier 1975, Nicole Juteau ainsi que deux autres femmes sont admises à l’Institut de police du Québec. Malgré les inévitables ajustements d’intégration, elle se démarque durant sa formation, notamment dans les épreuves de tir, où elle obtient quatre étoiles, soit le niveau le plus élevé. Elle se révèle également aussi performante que ses collègues masculins dans les tests physiques, obtenant globalement la troisième position de sa cohorte.
Diplômée le 9 mai 1975 de l’Institut de police du Québec à Nicolet, elle assiste aux rencontres d’embauche des organisations policières. C’est la Sûreté du Québec qui la rappelle en juin 1975, tandis que ses deux collègues trouvent un poste comme agentes de la paix à la Baie-James, sans toutefois obtenir les pleins pouvoirs policiers.
Dès son arrivée à la Sûreté du Québec, Nicole Juteau fait face à des défis d’adaptation. Durant sa première année, elle doit prouver à la Sûreté du Québec que l’embauche d’une policière était le bon choix. Elle est d’ailleurs la seule femme à être embauchée cette année-là.
Envoyée au poste de Shawinigan après son assermentation, elle y travaille six ans comme patrouilleuse. À ses débuts, elle est accueillie froidement : peu de collègues veulent faire équipe avec elle, sauf le patrouilleur-enquêteur du poste, et certaines épouses de policiers s’opposent à sa présence. Toutefois, auprès de la population, l’accueil est plutôt favorable et les mentalités évoluent progressivement.
L’uniforme lui-même est inadapté aux femmes : chemise trop large qu’elle doit épingler au niveau de la poitrine, pantalon trop grand et cravate trop longue. Progressivement, les uniformes seront ajustés à leurs besoins.
Pionnière malgré elle, Nicole Juteau ne s’est jamais perçue ainsi. Son amour du métier a surpassé les défis rencontrés et elle n’aurait rien changé à son parcours. En 1999, lors du Colloque sur la femme policière « S’unir pour grandir ensemble » à l’Institut de police du Québec, elle a déclaré : « Malgré tout, j’avais choisi le plus beau métier du monde. Ma carrière a été toute ma vie; j’en suis sortie très gagnante et très forte. » Son parcours illustre sa passion pour son métier et sa détermination à surmonter les défis qui se dressaient devant elle.
L’embauche de Nicole Juteau a marqué un tournant en ouvrant la voie à des centaines de femmes policières, toutes animées par la passion de leur métier.
Une avancée sociale majeure : quand la police ouvre la voie
Il peut sembler paradoxal qu’un milieu historiquement marqué par des valeurs masculines ait été l’un des premiers à embaucher une femme dans une profession traditionnellement réservée aux hommes. Pourtant, cette initiative a contribué à convaincre la population québécoise que la mixité professionnelle était non seulement possible, mais souhaitable. Lors de l’assermentation de Nicole Juteau, le 11 septembre 1975, le directeur général de la Sûreté du Québec, Jacques Beaudoin, a souligné l’importance historique de cet événement, affirmant que l’organisation ouvrait un nouveau chapitre de son histoire. Malgré les défis qu’elle doit affronter, son arrivée est perçue comme une avancée nécessaire et bénéfique.
L’arrivée des femmes dans les forces policières a contribué à l’évolution de la profession et à un changement profond dans les attitudes et les mentalités, tant chez les policiers que dans la société. Leur présence a favorisé une meilleure acceptation sociale de leur rôle et a transformé le service à la communauté en intégrant des approches plus diversifiées.
Le Colloque sur la femme policière de 1999 met en lumière l’apport indéniable des femmes : elles favorisent le dialogue dans les interventions, réduisent les tensions et modèrent l’usage de la force, contribuant ainsi à l’évolution des pratiques et des mentalités au sein des corps policiers.
Au fil des années, plusieurs femmes ont été des pionnières dans diverses fonctions policières, notamment au sein des services spécialisés. Elles ont également accédé aux grades d’officier, de lieutenante jusqu’à celui de directrice générale, brisant ainsi plusieurs plafonds de verre.
Leur cheval de bataille : ne bénéficier d’aucun traitement de faveur et être considérées comme les égales de leurs collègues masculins.
La représentativité des policières
En 1986, soit 11 ans après l’embauche de la première policière, le Québec compte, selon Statistique Canada, 336 policières, qui forment 2,5 % des effectifs. Les débuts sont donc modestes. À partir de 1990, on observe en moyenne une progression annuelle de 1 % de l’effectif féminin dans les services de police du Québec.
En 1988, un protocole d’entente est signé entre le ministère de la Sécurité publique, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science ainsi que l’Institut de police du Québec, afin de créer une attestation d’études collégiales en techniques policières. Ce diplôme ouvre une voie d’accès plus rapide au métier et facilite l’intégration d’un plus grand nombre de femmes.
Le 1er avril 2001 entre en vigueur la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics (RLRQ, c. A-2.01), qui oblige les organismes publics à offrir un programme d’accès à l’égalité en emploi à leur personnel. Les femmes font partie des groupes visés, aux côtés des Autochtones ainsi que des minorités visibles et ethniques. Cette mesure permet donc de recueillir des données probantes pour orienter les décisions. Depuis 2002, la Sûreté du Québec publie ainsi dans ses rapports annuels de gestion la progression de la représentativité des femmes au sein de l’organisation ainsi que leur évolution de carrière à travers leurs promotions en grade.
Selon les rapports annuels de gestion, entre 2002 et 2024, le taux moyen d’embauche des policières à la Sûreté du Québec s’établit à 30,7 %, soit en moyenne près de 71 nouvelles recrues féminines chaque année. En 2024, ce taux atteint 33,3 %. Sur la même période, la part des femmes au sein des effectifs globaux passe de 11 % à 28,2 %. En 2024, la répartition par catégories d’emploi montre que les officières représentent 14,6 % de l’ensemble des officiers, les sous-officières 29 % et les agentes 29,1 %. Ces progrès reflètent l’effet combiné des mesures de formation, des programmes d’accès à l’égalité et d’une volonté institutionnelle affirmée de suivre de près leur ascension dans l’organisation.
En somme, ce chemin, tracé par des pionnières comme Nicole Juteau, a non seulement modifié la composition des effectifs, mais a aussi contribué à faire évoluer la culture organisationnelle et la perception sociale du métier. Par leur passion, leur compétence et leur leadership, les policières ont enrichi les pratiques policières, notamment en matière de prévention, de communication active, d’aide aux victimes et de gestion des tensions. Il est vrai que certains défis subsistent, notamment des enjeux transversaux d’équité, tels que le plafond de verre, la conciliation travail-famille ou la prévention de la discrimination. Néanmoins, l’augmentation de leur représentativité s’accompagne d’un enrichissement des perspectives, contribuant à façonner une police plus inclusive, au bénéfice de toute la société.
Aujourd’hui, la reconnaissance de la place des femmes dans la police se poursuit. Lors des cérémonies d’assermentation, la directrice générale de la Sûreté du Québec, Johanne Beausoleil, rappelle avec fierté l’importance de la représentativité des femmes et réitère son engagement envers leur présence active.
L’embauche de la première policière au Québec est un événement historique inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Marie-Claude Blais, bibliothécaire archiviste, 2025
Selon la Société française de vexillologie, « un drapeau représente bien davantage qu’une simple pièce d’étoffe. Il traduit de manière symbolique le message qu’une collectivité […] ou qu’une personne […] entend délivrer au monde environnant et dans lequel elle proclame ses valeurs fondamentales, ses croyances, sa culture, affirme son autorité et son rang, souligne son particularisme, en bref, révèle son identité profonde ».
Le domaine illustrant parfaitement l’importance que peuvent avoir les drapeaux est l’univers militaire. Grande utilisatrice de bannières et d’étendards depuis longtemps, l’armée y a recours pour l’identification visuelle des organisations militaires, mais également pour susciter la fierté et la cohésion nécessaires à l’efficacité opérationnelle. La Sûreté du Québec, par son état d’organisation paramilitaire, poursuit cette tradition ancestrale.
À ses débuts, la Police provinciale est composée d’un seul type de policier, le gendarme. Un emblème unique et un uniforme caractéristique semblent avoir suffi à identifier le corps de police et suscité fierté et cohésion en son sein. Dans la première moitié du 20e siècle, l’organisation a évolué en intégrant le Bureau des détectives provinciaux (1922) et la Police de la route (1938). Malgré les fusions, la nouvelle Sûreté provinciale (depuis 1938) reste séparée en plusieurs branches et les uniformes gardent une couleur et une forme spécifiques à chacune d’entre elles.
C’est pour réunir une Sûreté provinciale plutôt hétéroclite sous une identité rassembleuse et un symbolisme fort que les dirigeants créent un drapeau à la fin des années 1950. On y appose ainsi l’emblème de l’organisation en son centre et on représente en canton l’archange saint Michel, patron universel des policiers, terrassant le dragon.
En 1962, dans la foulée des réformes des années 1960, on instaure un uniforme et une couleur unique, le vert, à tous les policiers de la Sûreté provinciale. Le but avoué de ce changement est d’unifier le corps de police et d’insuffler de la fierté à ses policiers. Cette nouvelle couleur, tout comme l’emblème, deviendra rapidement reconnue et identitaire pour l’organisation.
Le drapeau s’adapte promptement à cette nouvelle réalité. Dans les années 1970, le drapeau de la Sûreté du Québec se compose d’une bande verte au guindant et au flottant, ainsi que d’une bande blanche en son centre arborant l’emblème de l’organisation entouré de feuilles de laurier. Cette bande blanche est remplacée en 1980 par une bande jaune et par les emblèmes organisationnels subséquents ; par exemple, celui de 1983 affichant la devise de la Sûreté du Québec.
L’apparition d’un drapeau organisationnel et l’adaptation de celui-ci aux valeurs fondamentales et aux particularités de la Sûreté du Québec évoluant au fil du temps démontre l’importance qu’il revêt pour les employés travaillant sous son égide. Par le fait même, il joue son rôle en suscitant la fierté et la cohésion nécessaires à l’efficacité opérationnelle de l’organisation.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2021
L’identification visuelle des policiers a toujours été un élément important de l’uniforme de ceux-ci. Pour ce faire, tout au long de son histoire, la Sûreté du Québec a utilisé plusieurs types d’ornements sur son uniforme. Au fil des différentes époques, ces ornements sont devenus des marqueurs historiques de l’évolution de l’organisation et de son image ainsi qu’un symbole du professionnalisme des policiers les portant. Afin de bien s’orienter, il est plus pratique de séparer en deux grandes familles ces éléments bien distinctifs : les identifications d’épaule et les insignes, couramment nommés badges, de l’anglais.
Identifications d’épaule
Les identifications métalliques d’épaule portent habituellement l’acronyme de l’organisation qu’elles représentent. C’est ainsi que les lettres PPQ renvoient à la « Police provinciale de Québec » et que les lettres CLQ renvoient à la « Commission des liqueurs du Québec ». Plusieurs variantes de ces identifications métalliques seront produites et utilisées par l’organisation. L’usage généralisé de ce type d’insigne se termine vers 1960 avec les grandes réformes de la Révolution tranquille.
À partir de ce moment, les écussons en demi-lune apparaissent sur les uniformes de l’organisation. Initialement fabriqués en caoutchouc, une matière se dégradant facilement, ils sont rapidement remplacés en 1962 par des modèles en tissu, beaucoup plus résistants. Pour ce grand changement, l’écusson en demi-lune arbore les nouvelles couleurs de l’organisation, soit le vert et le jaune. La forme de demi-lune est en utilisation jusqu’en 1994 où la forme du blason (bouclier) est adoptée. Ce nouvel écusson est beige et inclut l’emblème de 1983, jumelé à la devise de l’organisation : Service, Intégrité, Justice. Il est utilisé jusqu’en 2016, lors de l’arrivée du nouvel uniforme introduisant une nouvelle couleur organisationnelle pour la première fois depuis 50 ans : le noir. De 1962 à 2020, une succession de sept différents écussons d’épaule apparaissent sur l’uniforme de l’organisation.
Insignes
Encore une fois, une multitude de variantes existent selon l’époque ou la fonction du détenteur de l’insigne. De façon générale, ils sont de petite dimension et ils sont fabriqués en métal. On peut souvent y remarquer le matricule ou le grade du policier ainsi que les armoiries du Québec et le nom ou l’emblème de l’organisation. En fonction de l’époque, plusieurs types d’insignes sont utilisés sur les uniformes, tels que les insignes de képi, les insignes de poitrine ou encore les insignes de collet.
Dans tous les cas, les identifications d’épaule et surtout les insignes représentent l’autorité dont le policier est investi et permettent une grande visibilité de celui-ci au sein du public. La visibilité des forces policières est souvent le premier pas vers la sécurité du public et la prévention de la criminalité.
Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020
Au début du 20e siècle, la prohibition s’installe partout en Amérique du Nord. Seul le Québec fait exception à la règle. En effet, la Belle Province se dote, en 1921, d’une loi créant un monopole d’État sur l’alcool, la « Loi concernant les liqueurs alcooliques ». Pour respecter la nouvelle législation, on met sur pied une nouvelle organisation étatique, la Commission des liqueurs. En plus de gérer le monopole de l’alcool, l’ancêtre de la Société des alcools du Québec doit mettre en application et faire respecter la loi en matière d’alcool. Pour s’aider dans cette tâche, elle se dote d’une police gouvernementale possédant des pouvoirs d’enquête, de perquisition, d’arrestation et d’imposition d’amendes dans les domaines de la distribution, de la fabrication et de la vente d’alcool.
À ses débuts, cette police provinciale, dont les policiers sont rapidement surnommés « les liqueurs », se compose de 35 agents, sous-inspecteurs et inspecteurs. D’abord nommée « Service de surveillance » de la Commission des liqueurs, elle devient définitivement la Police des liqueurs en 1934. Les policiers sont embauchés grâce à leurs relations avec le parti politique au pouvoir et ils ne reçoivent que peu de formation. À l’époque, le travail s’apprend « sur le tas ». À la création de ce corps policier, ce sont généralement des vétérans de la Première Guerre mondiale, des détectives privés ou même des anciens agents de la Police provinciale qui composent ses rangs.
Dans les années 1920-1930 au Québec, la demande d’alcool illégal vient surtout des réseaux du crime organisé étatsunien. Les Américains sont subitement assoiffés de whisky canadien, de vin St-Georges ou d’alcool frelaté québécois. Pour répondre à la demande, des contrebandiers, aussi connus sous le nom de bootleggers, commencent à apparaître très rapidement sur tout le territoire québécois. La plupart des grandes villes sont affectées, mais les régions frontalières sont touchées plus sérieusement en raison de leur proximité avec les États-Unis.
Devant l’ampleur du phénomène, la Police des liqueurs s’adapte pour répondre à cette criminalité en croissance. Le corps se développe rapidement : d’à peine 35 hommes en 1921, elle triple ses effectifs en l’espace de cinq ans d’existence. L’ampleur des réseaux force aussi ses policiers à développer les premières méthodes d’enquête modernes, notamment la collecte et l’échange de renseignements, l’utilisation d’agents doubles ou de délateurs et la filature en véhicule. L’automobile devient l’outil privilégié des bootleggers puisqu’elle fait son apparition au Québec à l’époque. Malgré sa modestie, la Police des liqueurs mène des opérations partout dans la province.
La contrebande d’alcool du temps s’accroît de plus en plus dans les années 1920 et elle devient même incontrôlable. Ce trafic entraîne d’autres crimes plus graves comme des vols, des agressions armées, des meurtres, des enlèvements et de la prostitution dans toute la province. Ainsi, le mandat limité d’application de la « Loi sur les boissons alcooliques » mène la Police des liqueurs à mettre en place des projets de collaboration avec les policiers québécois, canadiens et étatsuniens. Ce sont donc les premières opérations conjointes de l’histoire policière québécoise.
Avec la fin de la prohibition américaine en 1933, la Police des liqueurs redirige ses opérations principalement vers les grandes villes du Québec. Le crime organisé s’y est résolument implanté. Les villes de Québec, Montréal et Hull sont fortement touchées. De grandes opérations policières sont déclenchées dont des arrestations massives de centaines d’individus à la fois, des saisies d’alcool, la destruction publique d'appareils de jeu ainsi que des perquisitions de bars. C’est l’époque du « Red Light » de Montréal et du « Petit Chicago » de Hull.
Dans le Québec des années 1940 et 1950, le rôle de la Police des liqueurs demeure fortement critiqué. Le comportement de certains de ses membres à l’occasion d’élections favorables à l’Union nationale de Duplessis, des procès retentissants, des allégations de corruption et le favoritisme lors de perquisitions font couler beaucoup d’encre et ternissent fortement l’image de ce corps policier provincial. Également, au tournant des années 1950, la législation entourant la vente et la consommation d’alcool au Québec est vue comme trop restrictive, voire dépassée.
La mort de Duplessis en 1959 et l’arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Lesage en 1960 jettent les bases de la Révolution tranquille. Un des projets du nouveau premier ministre est d’ailleurs de transformer la Police des liqueurs et la Sûreté provinciale de l’époque en les réformant de fond en comble. Au début des années 1960, la Police des liqueurs appartient donc à une époque révolue. La Commission des liqueurs et sa police sont abolies, laissant la place à la fameuse Régie des alcools. Par ailleurs, les lois deviennent moins strictes, et la lutte à la contrebande d’alcool et aux débits clandestins perd de son importance. À cette époque, le crime organisé au Québec et ailleurs commence à délaisser graduellement ce secteur au profit de celui des drogues et stupéfiants.
Avec les réformes policières de la Révolution tranquille, la plupart des membres de la Police des liqueurs sont intégrés à la Sûreté provinciale et deviennent « l’escouade des alcools » en 1961-1962. Près de 60 ans après son intégration à la Sûreté du Québec, force est de constater que la Police des liqueurs a marqué l’histoire de la Sûreté du Québec. Le perfectionnement des techniques d’enquête et la création des unités conjointes et des « équipes volantes » se traduisent par le succès de la lutte aux premières formes de crime organisé, soulignant par le fait même l’importance de la collaboration policière au Québec.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Dès la création de la Police provinciale, en 1870, ses policiers sont formés sur un modèle militaire basé sur l’infanterie, ce qui les habitue aux rudiments de l’apparat et à la bonne tenue vestimentaire. À partir des années 1930 et jusqu’aux années 1960, le port de la tenue bleu foncé à col fermé était presque quotidien. Des accessoires d’apparat blancs comme le ceinturon de cuir, les gants et le chapeau d’inspiration britannique Wolseley ont été ajoutés pour les cérémonies.
En 1967, dans le cadre de l’Exposition universelle à Montréal, alors que tous les regards sont tournés vers le Québec, la garde d’honneur de la Sûreté provinciale fait sa dernière apparition. Plusieurs facteurs ont contribué à sa disparition, tels que le besoin d’harmoniser la couleur du costume d’apparat aux nouvelles couleurs de la Sûreté provinciale, soit le vert olive. Aussi, en cette période de profonde réorganisation à la Sûreté du Québec, qui coïncide avec la syndicalisation des policiers, les coûts associés au maintien des groupes d’apparat ont eu raison de ce symbole issu du monde militaire. Au cours des années suivantes, les membres des unités d’urgence dans les districts ou à Montréal et à Québec se voient confier le rôle de membres de la garde d’honneur. À cette époque, les accessoires d’apparat ornementant la tunique vert olive sont de couleur jaune.
Il a fallu attendre presque 40 ans avant qu’une nouvelle garde d’honneur soit mise sur pied dans la foulée d’un retour aux valeurs patrimoniales suscité par le directeur général Normand Proulx. C’est en 2004, dans le district Mauricie-Centre-du-Québec, qu’une nouvelle garde d’honneur se met en place au sein de la Sûreté du Québec. Deux policiers formés dans la tradition des exercices militaires, Jocelyn Descent et Yves Roussel, ainsi que le commandant du district Yves Guay sont à l’origine de cette renaissance. Fidèle à la tradition militaire, une nouvelle structure officielle de commandement de la garde d’honneur est mise en place en 2006.
L’intérêt pour le retour d’une garde d’honneur prend de l’ampleur en mars 2005 lorsque des représentants de la Sûreté du Québec se rendent à Edmonton aux funérailles de quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada. Cet événement marque le début d’une tradition de professionnalisme au sein de la nouvelle garde d’honneur qui perdure encore aujourd’hui. Ainsi, la garde d’honneur a participé à plusieurs événements protocolaires d’importance dans la province, mais aussi dans le reste du Canada, aux États-Unis et même en Europe, et a coordonné certains de ces événements.
La garde d’honneur se veut une représentation de l’ensemble de la Sûreté du Québec à un événement public, comme les cérémonies de reconnaissance, les cérémonies d’assermentation de recrues, les cérémonies de remise de grades, les cérémonies de policier mort en devoir ou encore les cérémonies d’État.
Alors que les corps policiers canadiens axent entièrement leur symbolisme sur un modèle britannique, la Sûreté du Québec conserve un lien historique avec son héritage français. Cet élément, unique en Amérique du Nord, distingue notre organisation de celles du reste du Canada et des États-Unis.
C’est grâce à la rigueur protocolaire et au professionnalisme des membres de la garde d’honneur que la Sûreté du Québec est maintenant la référence en protocole policier au Québec.
De nos jours, la garde d’honneur véhicule des valeurs importantes à la Sûreté du Québec, soit le sentiment d’appartenance et la fierté de faire partie de l’organisation. Elle représente également l’image même de la Sûreté du Québec, soit : le service, le professionnalisme, le respect et l’intégrité.
Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020
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Cette section illustre la carrière de différents personnages clés qui ont marqué l’histoire de la Sûreté du Québec. Le cadre d’emploi du personnage n’est pas un facteur déterminant de son importance; ce sont plutôt les réussites, les réformes ainsi que les événements majeurs auxquels celui-ci a participé qui importent.
Cette section regroupe l’histoire de crimes ayant marqué l’imaginaire québécois. Pour que ces événements soient pris en compte, ils doivent avoir été fortement médiatisés, avoir eu un impact sur la société québécoise et avoir fait l’objet d’une enquête de la Sûreté du Québec.
Chaque texte présente l’implication de la Sûreté du Québec au travers d’une contextualisation historique, au cœur de l’enquête et des démarches judiciaires.
Cette section examine certaines des opérations majeures ayant marqué l’histoire de la Sûreté du Québec et l’histoire québécoise.
Les opérations de sécurité planifiées par la Sûreté du Québec y sont présentées sous différentes facettes. On peut donc y retrouver des événements tels que la visite de dignitaires, la tenue de sommets et la présentation de grandes manifestations sociales ou sportives. Le rôle et l’implication de la Sûreté du Québec dans ces événements de grande envergure sont au centre de ces textes.
Cette section se penche sur les événements majeurs ayant marqué l’histoire de la Sûreté du Québec et l’histoire québécoise.
Dans ces textes, la Sûreté du Québec est en mode réaction face à des événements soudains, tels que des catastrophes naturelles, des crises ou des décès de masse. L’implication de la Sûreté du Québec dans ces moments d’urgence est cruciale pour sauver des vies et aider les citoyens en danger.
Cette section plonge dans l’histoire, dans l’évolution et dans le quotidien des différentes unités ayant jalonné l’histoire de la Sûreté du Québec, bien souvent à partir de leurs débuts.
Nous y présentons les changements qu’a vécus chacune de ces unités, ainsi que la création de celles-ci et l’impact qu’elles ont eu sur l’organisation et le travail policier au Québec.
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Luc Fillion devient directeur général par intérim de la Sûreté du Québec
14 août 2014
Luc Fillion est directeur général par intérim de la Sûreté du Québec d’août 2014 à octobre 2014.
Devenu directeur adjoint après 19 années de service au sein de la Sûreté municipale de Chibougamau, Luc Fillion se joint à l’organisation en 1998 lors de l’intégration du corps de police municipale à la Sûreté du Québec. Il entame son parcours en tant qu’adjoint au responsable du poste Chapais-Chibougamau. Il est ensuite promu sergent et accepte une assignation comme directeur du poste à la MRC d’Avignon-Bonaventure. Il obtient le grade de lieutenant en 2002, puis celui de capitaine en 2003 au moment où il devient responsable de la section Bas-Saint-Laurent dans le district Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
Il est par la suite nommé responsable du Service de la sécurité des réseaux de transport et promu inspecteur en 2005. Un an plus tard, il est promu inspecteur-chef et devient directeur de la Direction du soutien à la gendarmerie. Il exerce alors un rôle-conseil auprès de la Grande fonction de la surveillance du territoire. Il devient ensuite commandant du district du Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2009, poste qu’il occupera jusqu’en 2012, alors qu’il est nommé directeur général adjoint de la Grande fonction de la surveillance du territoire. En août 2014, il est désigné directeur général par intérim de la Sûreté du Québec jusqu’au mois d’octobre de la même année.
Diplômé en gestion des ressources humaines de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscaminque, monsieur Fillion détient également un diplôme de deuxième cycle en développement organisationnel de l’Université Laval à Québec.
François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2021
Affaire Charles Marion
6 août 1977
C’est le 6 août 1977, dans son chalet à Stoke, que Charles Marion et son amie sont interpellés par deux individus masqués et armés. Ces derniers enlèvent Marion et séquestrent son amie. Les ravisseurs embarquent Marion dans une auto et laissent l’amie de ce dernier ligotée dans le chalet d’invité. Elle n’est retrouvée qu’environ 18 heures plus tard par la femme de Marion.
Les ravisseurs conduisent Charles Marion au milieu de la forêt et l’enferment dans un réduit aménagé sous terre dans la région de Gould. Il y passe plusieurs semaines dans des conditions atroces. Ses ravisseurs lui apportent peu de nourriture, mais beaucoup d’alcool et de tranquillisants pour l’aider à passer à travers sa captivité. En plus d’être face au manque de nourriture, il doit éloigner les mulots et les rats qui s’introduisent dans le réduit.
Après l’enlèvement, les ravisseurs soumettent une demande de rançon d’un million de dollars à l’employeur de Charles Marion, alors directeur de crédit à la Caisse populaire de Sherbrooke-Est. C’est à partir de ce moment que plusieurs communications s’établissent entre la Sûreté du Québec et les ravisseurs. La Sûreté du Québec mobilise près de 200 policiers pour tenter d’attraper les preneurs d’otage. Au fur et à mesure que les semaines passent, les exigences pécuniaires des rançonneurs diminuent.
Le 23 septembre, les journalistes Claude Poirier et Normand Maltais se rendent à Saint-Gérard pour déposer deux valises contenant du papier. Plusieurs policiers sont postés dans les environs pour attraper les ravisseurs. Le plan échoue, car personne ne vient chercher les valises. Six jours plus tard, le piège de la fausse rançon est tenté de nouveau. Lorsqu’ils se rendent compte que les valises ne contiennent aucun billet de banque, les preneurs d’otage tentent de s’échapper. Sitôt la fausse rançon récupérée, une vaste opération policière est mise en branle dans les Cantons-de-l’Est pour attraper les kidnappeurs. Malgré les effectifs importants mobilisés pour cette opération, les ravisseurs réussissent à se faufiler entre les mailles du filet.
Avec tous ces bouleversements et l’enlèvement qui s’éternise, des questionnements commencent à naître quant à l’implication réelle de Charles Marion dans ce ravissement. L’a-t-il orchestré lui-même? La question demeure en suspens au sein de la population.
Vers la fin du mois d’octobre, les ravisseurs finissent par demander une somme de 50 000 $ pour la libération de Charles Marion. Le fils de ce dernier, Pierre Marion, réunit péniblement la somme et, accompagné par un ami et un policier de la Sûreté du Québec, se rend dans la région de Cookshire pour déposer la rançon. Le lendemain, en soirée, Charles Marion est retrouvé près de l’aéroport d’East Angus, non loin de Sherbrooke.
Ce n’est qu’environ huit mois plus tard que les policiers mettent la main au collet d’un premier ravisseur. La police réussit à l’associer à l’enlèvement de Charles Marion à l’aide des billets marqués qu’il a en sa possession et qui ont servi pour la rançon. Au total, trois personnes sont déclarées coupables dans cette affaire.
Dès sa libération, Charles Marion réfute les allégations concernant son implication dans l’enlèvement. Cependant, ce n’est qu’à la fin des procédures judiciaires que la preuve de son innocence est établie. Malgré cette preuve, plusieurs personnes ont, pendant des décennies, continué à croire en l’implication de Charles Marion dans son propre ravissement. Il n’a jamais été capable de retourner travailler et il se suicide le 2 décembre 1999, 22 ans après son enlèvement.
Charles Marion a été séquestré pendant 82 jours; c’est l’enlèvement le plus long de l’histoire du Canada.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Jacques Beaudoin devient directeur général de la Sûreté du Québec
1er octobre 1974
Jacques Beaudoin est directeur général de la Sûreté du Québec de 1974 à 1988.
Nommé directeur général en octobre 1974 à l’âge de 39 ans, monsieur Beaudoin reste en poste pendant 14 ans, le plus long directorat de l’histoire de la Sûreté du Québec contemporaine. Policier de carrière à la Sûreté du Québec, il entre comme gendarme en 1958 et occupe diverses fonctions policières à Québec, à Sept-Îles et en Gaspésie. Il est ensuite instructeur à l’Institut de police du Québec, puis responsable du Service de la formation et du perfectionnement, qu’il contribue à mettre sur pied. Il est nommé directeur général adjoint en 1973. Il prend sa retraite en octobre 1988 et occupe le poste de sous-ministre au ministère de la Sécurité publique jusqu’en novembre 1991.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Pierre-Antoine Doucet devient commissaire de la Police provinciale
1er avril 1870
Le juge Pierre-Antoine Doucet est commissaire de la Police provinciale de 1870 à 1877.
Âgé de 55 ans au moment de sa nomination, monsieur Doucet demeure en poste durant sept ans. Il est greffier de la paix à Québec et membre du Bureau de police de la Ville de Québec avant de cumuler les fonctions de commissaire et de juge des sessions de la paix. Les surintendants Ludger-Napoléon Voyer et Henry Heigham sont ses adjoints. Il meurt en 1878.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Création de l’unité de protection rapprochée
11 octobre 1970
Avec la construction du nouveau palais législatif à Québec en 1883, et suite à l’attentat à la bombe visant celui-ci en 1884, le gouvernement du Québec mandate la Police provinciale, nouvellement reconstituée, pour garder les édifices gouvernementaux. Les constables sont également appelés à faire la garde lors des réceptions faites à Spencer Wood, résidence des lieutenants-gouverneurs du Québec de 1870 à 1966. La prise en charge de ces nouvelles tâches est le premier pas de l’organisation vers la protection physique immédiate des personnalités publiques et des dignitaires. Pendant de nombreuses décennies, la Police provinciale se limitera à cette infime partie du travail dévolu à la première unité de protection rapprochée permanente de la Sûreté du Québec : la sécurité des lieux de travail et de certains édifices gouvernementaux, ainsi que la protection ponctuelle de certains dignitaires lors de réceptions.
Jusqu’au début des années 1970, la sécurité physique immédiate des personnalités publiques et des dignitaires n’est pas systématique et organisée. La Sûreté provinciale accorde ce genre de protection à des personnalités politiques seulement si des menaces le justifient ou si le climat social l’exige. Sinon, le premier ministre et ses ministres jouissent de la présence de chauffeurs payés par le gouvernement, mais d’aucun garde du corps gouvernemental officiel. Pour sa part, le premier ministre Maurice Duplessis s’octroie le privilège d’une protection physique immédiate privée en la personne de monsieur Walter Duchesnay qui le suit partout, sauf en période électorale. En effet, lors d’une campagne électorale, un sergent de la Sûreté provinciale est libéré et obtient la responsabilité de la protection rapprochée du premier ministre.
De leurs côtés, les dignitaires étrangers ont, dans la majorité des cas, droit à une certaine forme de sécurité physique lors de leurs passages au Québec. La plupart du temps, cette sécurité se matérialise sous forme d’escorte en motocyclette comme lors de la visite de Leurs Majestés le roi George VI et la reine Élisabeth en 1939 ou de haie de protection comme lors de la visite de Leurs Altesses Royales la princesse Élisabeth et le duc d'Édimbourg en 1951.
Ce n’est cependant qu’à partir de 1970 que la Sûreté du Québec implante une équipe permanente de protection rapprochée. Les circonstances tragiques entourant l’enlèvement du ministre du Travail, Pierre Laporte, en octobre 1970, poussent l’organisation à prioriser cet aspect de la sécurité des parlementaires (premier ministre, ministres et leurs familles), dignitaires et magistrats. Un nouveau service est créé et plus d’une centaine de policiers y sont mutés, ceux-ci provenant de diverses escouades et unités. Dans l’urgence, aucun critère de sélection n’est établi et aucune formation spécifique n’est donnée. Le mandat du nouveau service ne se limite pas seulement à la sécurité physique immédiate, mais également à la sécurité des résidences, des lieux de travail et de certains édifices parlementaires.
Cet énorme mandat est réduit en 1972 lorsque le Service de sécurité interne du ministère de la Justice est créé par arrêté en conseil. Ce nouveau service du ministère de la Justice obtient le mandat de fournir le transport et la protection de tous les ministres n’étant pas sous la juridiction de la Sûreté du Québec. Seuls les premier ministre, vice-premier ministre et ministre de la Justice conservent les services du corps de police provinciale.
En 1976, l’arrivée du Parti québécois au pouvoir impose de grands changements aux effectifs de l’unité de protection rapprochée. Le nouveau Premier ministre n’accordant pas une importance aussi grande à sa sécurité que son prédécesseur, la Sûreté du Québec s’adapte en réduisant les effectifs de l’unité et en utilisant des moyens électroniques pour surveiller la résidence du premier ministre et ses bureaux. C’est également à ce moment que la responsabilité de la surveillance des édifices gouvernementaux passe sous la responsabilité du Service de sécurité interne du ministère de la Justice avant de revenir dans le giron de la Sûreté du Québec après l’attentat perpétré par le caporal Lortie en 1984.
Pour appuyer la souveraineté du Québec, le gouvernement souverainiste de 1976 demande à la Sûreté du Québec une plus grande implication dans la protection des dignitaires étrangers visitant la Province, tâche qui incombait presque exclusivement à la Gendarmerie royale du Canada à cette époque. L’unité de protection est donc impliquée dans plus de 112 visites officielles de représentants étrangers, dont celle de Leurs Majestés le roi Beaudoin 1er et la reine Fabiola de Belgique en 1977. À cela s’ajoute plus de 50 événements spéciaux et d'envergure nécessitant un déploiement de sécurité à la fin des années 1970.
La fin des années 1970 marque également le début d’une formation professionnelle spécifique pour les gardes du corps. En effet, avant 1978, les techniques et les façons de faire sont transmises de bouche à oreille. Pour améliorer et uniformiser les techniques de travail, une formation obligatoire est donc mise en place. Celle-ci est peaufinée et améliorée tout au long des décennies 1980 et 1990, au gré des transformations de l’unité de protection rapprochée.
En 1982, l’unité de protection rapprochée accueille madame Sylvie Guimond, première femme garde du corps de la Sûreté du Québec. Elle est surtout affectée à la protection des dignitaires en visite au Québec. Madame Guimond quitte l’unité en 1989 lorsqu’elle est promue caporale au poste de Candiac. Son passage au sein de l’unité a contribué à l’abolition des préjugés voulant que la grandeur et la force physique soient un important prérequis pour effectuer ce travail.
La visite au Québec de Sa Sainteté Jean-Paul II en 1984 est un événement d’importance dans l’histoire de la province. La majeure partie des effectifs de la Sûreté du Québec est mobilisée lors de cette visite et l’unité de protection rapprochée fait bien évidemment partie de ceux-ci. Puisque le Pape effectue alors une visite pancanadienne, la protection immédiate de celui-ci est assurée par la Gendarmerie royale du Canada. La Sûreté du Québec s’est plus particulièrement occupée de la sécurité des sites et des visiteurs, de la protection du train papal et des voies ferrées contre les attentats potentiels ainsi que du cortège papal et de sa cavalcade.
Les années 1980 et 1990 sont également synonymes de compressions budgétaires et d’une vision gouvernementale plus minimaliste de la protection du premier ministre aboutissant à une réduction des effectifs de l’unité. Plus spécifiquement, les années 1990 voient la diminution graduelle du mandat de protection des dignitaires étrangers en visite au Québec au profit de la Gendarmerie royale du Canada.
À cette même époque, en 1996, une première femme se voit confier la direction de l’unité de protection rapprochée. Madame Jocelyne Caron occupe le poste de responsable jusqu’en 1998.
Au début des années 2010, un changement de l’offre de service accordée par l’unité de protection rapprochée est mis en place. Après les élections provinciales de 2012, la Sûreté du Québec décide de concentrer sa protection sur le premier ministre et laisse la protection des chefs de l’opposition au Service de protection des personnalités du ministère de la Sécurité publique. La seule exception est lors des campagnes électorales. Durant cette période, la Sûreté du Québec offre sa protection à tous les chefs des principaux partis politiques.
La protection des dignitaires étrangers se fait en partenariat avec la Gendarmerie royale du Canada qui a pour mandat la protection des chefs d’état étranger. Après une évaluation du risque et du niveau de sécurité requis, un partage des responsabilités est effectué entre les deux organisations.
Lors de visites interprovinciales, l’unité de protection rapprochée assure la surveillance du premier ministre du Québec, mais également celle des premiers ministres provinciaux en visite dans la Belle province. Le Conseil de la fédération est un bel exemple de cette protection offerte par la Sûreté du Québec aux différents premiers ministres provinciaux. Ce conseil se réunit une fois par an dans chacune des provinces. Donc, le Québec accueille ce conseil une fois tous les dix ans.
Depuis sa création officielle en 1970, cette unité spécialisée de la Sûreté du Québec a su démontrer son professionnalisme et son expertise auprès des dignitaires pour lesquelles elle s’est impliquée.
François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2021
Création du Service de l'identité judiciaire
15 octobre 1925
Le Laboratoire de recherches médico-légales, le premier du genre en Amérique, ouvre ses portes en 1914, à Montréal. C’est le docteur Wilfrid Derome qui en est le fondateur. En 1910, après deux ans de formation à Paris, il revient au Québec pour convaincre le gouvernement provincial de la nécessité de disposer d’un laboratoire au service de la justice. C’est le début de la police scientifique au Québec.
Le contexte de création du service est lié à un cas criminel majeur : l’affaire Blanche Garneau de 1920. Lors de l’enquête, le manque d’expertise dans l’identification et la protection d’une scène de crime mène les détectives du Bureau des détectives provinciaux vers plusieurs fausses pistes. L’affaire est d’ailleurs grandement médiatisée et le fait que le processus soit bâclé cause une situation tendue qui est directement liée à l’intégration du Bureau des détectives provinciaux à la Police provinciale en 1922.
L’intégration de la police judiciaire amène la Police provinciale à former, en 1925, son propre service d’identité judiciaire devenu, de nos jours, le Service de la criminalistique. Le travail de fichage des empreintes digitales, des photographies et des renseignements sur les détenus est lancé. Les premiers tests de fichiers sont faits à la prison de Bordeaux avec deux photographes et quelques détenus.
En 1971, la Sûreté du Québec met en place un système mécanisé accélérant la recherche des fiches d’empreintes, le Miracode. En 1978, une des grandes avancées pour la Sûreté du Québec est la création d’un laboratoire de développement des empreintes à Montréal. Les techniques utilisées sont peu nombreuses, mais la poudre et le nitrate d’argent commencent déjà à être utilisés. De plus, plusieurs petits locaux sont dédiés au poudrage des pièces à conviction dans les districts.
Durant les années 1980 et 1990, le service se dote de nouvelles techniques pour l’analyse des empreintes digitales, notamment les vapeurs d’iode, un premier laser à l’argon et les premiers Polilight. Avec l’intégration de toutes ces nouvelles techniques, le service réaménage le laboratoire de Québec à l’image de celui de Montréal. Il réaménage également les locaux de poudrage des districts pour en faire plusieurs petits laboratoires de développement des empreintes. En 1992, la Sûreté du Québec met en place un système informatisé dédié à la recherche d’empreintes, le SAID Orion ou Printrak.
Au courant des années 2000, la Sûreté du Québec commence l’utilisation d’appareils de numérisation pour la prise des empreintes plutôt que l’encre et le papier. En 2004, Alexandre Beaudoin, un civil professionnel au Service de l’identité judiciaire, développe une nouvelle technique de révélation des empreintes latentes, l’Oil Red O. Cette méthode pour trouver les empreintes sur le papier mouillé est éventuellement adoptée à travers le monde. Cette période est aussi marquée par l’apparition de nouvelles techniques de révélation des empreintes telles que l’acide jaune, l’indanedione-zinc et le dioxyde de titane.
En 2010, les laboratoires de développement des empreintes de district sont officiellement fermés. Ils sont désuets et leur mise à jour s‘avère onéreuse. De plus, les techniques de développement d’empreintes sont de plus en plus complexes, donc leur exécution par des spécialistes formés devient une nécessité.
En 2012, la Sûreté du Québec fait l’acquisition d’un nouveau système informatique de recherche d’empreintes, le MorphoBIS. Ce système améliore encore plus la gestion et la capacité de recherche des fiches d’empreintes.
Les techniques et la technologie associées à la science judiciaire ne cessent d’évoluer depuis sa démocratisation au début du 20e siècle. La Sûreté du Québec bénéficie de cette démocratisation et elle continue de profiter des avancements dans ce domaine assez récent.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
Josaphat Brunet devient directeur de la Sûreté provinciale
15 août 1960
Josaphat Brunet est le dirigeant de la Sûreté provinciale de 1960 à 1965. Il porte le titre de directeur de la Sûreté provinciale jusqu’en 1961, puis directeur général de la Sûreté provinciale jusqu’en 1965.
Nommé à l’âge de 58 ans, monsieur Brunet assume le poste durant un peu plus de cinq ans. Il est secondé par le directeur général adjoint Léopold Trottier, à Montréal, et par les directeurs adjoints Jean-Paul Dessureau, à Montréal, et Lucien Descent, à Québec. Policier retraité de la Gendarmerie royale du Canada, il devient chef de la sécurité à la Banque canadienne nationale avant d’être nommé à la Sûreté provinciale, en août 1960. Il décède le 6 juillet 1974 à l’âge de 71 ans.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2021
Hilaire Beauregard devient directeur de la Sûreté provinciale
16 décembre 1954
Hilaire Beauregard est directeur de la Sûreté provinciale de 1954 à 1960.
Nommé à l’âge de 51 ans, monsieur Beauregard demeure en fonction durant cinq ans et demi. Pendant quatre ans, soit de 1951 à 1954, il assume l’intérim comme directeur de la division de Montréal. Policier de carrière à la Sûreté provinciale, il est aussi propriétaire d’entreprises. Après être entré à la Police provinciale en 1936 comme détective, il gravit les échelons rapidement jusqu’en 1940. Après une absence de cinq ans, il revient à la Sûreté provinciale en 1945 comme directeur adjoint suppléant à Montréal. Il est assisté de Léon Lambert, directeur adjoint à Québec, et de Léopold Trottier, directeur adjoint suppléant à Montréal, de 1956 à 1960. Il décède à l’âge de 67 ans, le 27 juillet 1970.
Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020
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