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Garde d'honneur et pratiques protocolaires à la Sûreté du Québec

Dès la création de la Police provinciale, en 1870, ses policiers sont formés sur un modèle militaire basé sur l’infanterie, ce qui les habitue aux rudiments de l’apparat et à la bonne tenue vestimentaire. À partir des années 1930 et jusqu’aux années 1960, le port de la tenue bleu foncé à col fermé était presque quotidien. Des accessoires d’apparat blancs comme le ceinturon de cuir, les gants et le chapeau d’inspiration britannique Wolseley ont été ajoutés pour les cérémonies.

En 1967, dans le cadre de l’Exposition universelle à Montréal, alors que tous les regards sont tournés vers le Québec, la garde d’honneur de la Sûreté provinciale fait sa dernière apparition. Plusieurs facteurs ont contribué à sa disparition, tels que le besoin d’harmoniser la couleur du costume d’apparat aux nouvelles couleurs de la Sûreté provinciale, soit le vert olive. Aussi, en cette période de profonde réorganisation à la Sûreté du Québec, qui coïncide avec la syndicalisation des policiers, les coûts associés au maintien des groupes d’apparat ont eu raison de ce symbole issu du monde militaire. Au cours des années suivantes, les membres des unités d’urgence dans les districts ou à Montréal et à Québec se voient confier le rôle de membres de la garde d’honneur. À cette époque, les accessoires d’apparat ornementant la tunique vert olive sont de couleur jaune.

Il a fallu attendre presque 40 ans avant qu’une nouvelle garde d’honneur soit mise sur pied dans la foulée d’un retour aux valeurs patrimoniales suscité par le directeur général Normand Proulx. C’est en 2004, dans le district Mauricie-Centre-du-Québec, qu’une nouvelle garde d’honneur se met en place au sein de la Sûreté du Québec. Deux policiers formés dans la tradition des exercices militaires, Jocelyn Descent et Yves Roussel, ainsi que le commandant du district Yves Guay sont à l’origine de cette renaissance. Fidèle à la tradition militaire, une nouvelle structure officielle de commandement de la garde d’honneur est mise en place en 2006.

L’intérêt pour le retour d’une garde d’honneur prend de l’ampleur en mars 2005 lorsque des représentants de la Sûreté du Québec se rendent à Edmonton aux funérailles de quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada. Cet événement marque le début d’une tradition de professionnalisme au sein de la nouvelle garde d’honneur qui perdure encore aujourd’hui. Ainsi, la garde d’honneur a participé à plusieurs événements protocolaires d’importance dans la province, mais aussi dans le reste du Canada, aux États-Unis et même en Europe, et a coordonné certains de ces événements.

La garde d’honneur se veut une représentation de l’ensemble de la Sûreté du Québec à un événement public, comme les cérémonies de reconnaissance, les cérémonies d’assermentation de recrues, les cérémonies de remise de grades, les cérémonies de policier mort en devoir ou encore les cérémonies d’État.

Alors que les corps policiers canadiens axent entièrement leur symbolisme sur un modèle britannique, la Sûreté du Québec conserve un lien historique avec son héritage français. Cet élément, unique en Amérique du Nord, distingue notre organisation de celles du reste du Canada et des États-Unis.

C’est grâce à la rigueur protocolaire et au professionnalisme des membres de la garde d’honneur que la Sûreté du Québec est maintenant la référence en protocole policier au Québec.

De nos jours, la garde d’honneur véhicule des valeurs importantes à la Sûreté du Québec, soit le sentiment d’appartenance et la fierté de faire partie de l’organisation. Elle représente également l’image même de la Sûreté du Québec, soit : le service, le professionnalisme, le respect et l’intégrité.

Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020

Identifications d’épaule et insignes de la Sûreté du Québec

L’identification visuelle des policiers a toujours été un élément important de l’uniforme de ceux-ci. Pour ce faire, tout au long de son histoire, la Sûreté du Québec a utilisé plusieurs types d’ornements sur son uniforme. Au fil des différentes époques, ces ornements sont devenus des marqueurs historiques de l’évolution de l’organisation et de son image ainsi qu’un symbole du professionnalisme des policiers les portant. Afin de bien s’orienter, il est plus pratique de séparer en deux grandes familles ces éléments bien distinctifs : les identifications d’épaule et les insignes, couramment nommés badges, de l’anglais.

Identifications d’épaule

Les identifications métalliques d’épaule portent habituellement l’acronyme de l’organisation qu’elles représentent. C’est ainsi que les lettres PPQ renvoient à la « Police provinciale de Québec » et que les lettres CLQ renvoient à la « Commission des liqueurs du Québec ». Plusieurs variantes de ces identifications métalliques seront produites et utilisées par l’organisation. L’usage généralisé de ce type d’insigne se termine vers 1960 avec les grandes réformes de la Révolution tranquille.

À partir de ce moment, les écussons en demi-lune apparaissent sur les uniformes de l’organisation. Initialement fabriqués en caoutchouc, une matière se dégradant facilement, ils sont rapidement remplacés en 1962 par des modèles en tissu, beaucoup plus résistants. Pour ce grand changement, l’écusson en demi-lune arbore les nouvelles couleurs de l’organisation, soit le vert et le jaune. La forme de demi-lune est en utilisation jusqu’en 1994 où la forme du blason (bouclier) est adoptée. Ce nouvel écusson est beige et inclut l’emblème de 1983, jumelé à la devise de l’organisation : Service, Intégrité, Justice. Il est utilisé jusqu’en 2016, lors de l’arrivée du nouvel uniforme introduisant une nouvelle couleur organisationnelle pour la première fois depuis 50 ans : le noir. De 1962 à 2020, une succession de sept différents écussons d’épaule apparaissent sur l’uniforme de l’organisation.

Insignes

Encore une fois, une multitude de variantes existent selon l’époque ou la fonction du détenteur de l’insigne. De façon générale, ils sont de petite dimension et ils sont fabriqués en métal. On peut souvent y remarquer le matricule ou le grade du policier ainsi que les armoiries du Québec et le nom ou l’emblème de l’organisation. En fonction de l’époque, plusieurs types d’insignes sont utilisés sur les uniformes, tels que les insignes de képi, les insignes de poitrine ou encore les insignes de collet.

Dans tous les cas, les identifications d’épaule et surtout les insignes représentent l’autorité dont le policier est investi et permettent une grande visibilité de celui-ci au sein du public. La visibilité des forces policières est souvent le premier pas vers la sécurité du public et la prévention de la criminalité.

Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020

La formation policière à la Sûreté du Québec

Les années 1960 marquent le début de la professionnalisation du métier de policier à la Sûreté provinciale. Si la formation occupe une place prépondérante dans ce processus, elle n’était pas totalement inexistante auparavant. En effet, dès la création de l’organisation, en 1870, une formation que l’on pourrait qualifier de « continue » est imposée aux gendarmes. On parle ici d’entraînement physique ainsi que de formation à la marche militaire et au tir au pistolet. Les façons de faire des policiers sont également abordées. Puisque cet enseignement est donné uniquement aux policiers déjà en fonction et au gré des disponibilités de ceux-ci, des lacunes dans le travail policier liées au manque de formation apparaissent au fil du temps. Ce n’est qu’à partir des années 1930 qu’on tente de trouver une solution à ce problème.

Écoles policières de Québec et de Montréal

En 1934, le nouveau chef de la Division de Québec de la Police provinciale, le lieutenant-colonel Léon Lambert, en poste depuis 1932, s’attaque au problème en créant des cours de criminologie pour bonifier les connaissances de ses hommes. Ce faisant, Léon Lambert veut montrer au gouvernement québécois l’importance de la formation pour le travail policier ainsi que les avantages d'investir dans cette voie.

Pendant quatre ans, le statu quo persiste au Québec. Plusieurs cours temporaires d’exercices, de français, d’anglais, de premiers soins et de droit criminel sont donnés pendant cette période, mais aucune école policière permanente n’est mise sur pied. Plusieurs années de discussions sont donc nécessaires avant d’aboutir, en 1939, à la création des premières écoles policières pour la Sûreté provinciale.

Le 9 janvier 1939 sont enfin inaugurées les Écoles policières de Québec et de Montréal. Celles-ci ont pour mandat d’offrir la formation continue aux policiers déjà en service et de former les nouvelles recrues de la Sûreté provinciale. Bien que ces écoles soient dirigées par la Sûreté provinciale, elles sont également ouvertes aux corps de police municipaux qui désirent y envoyer leurs policiers. Plusieurs corps de police municipaux finiront tout de même par créer leur propre école de police.

D’un caractère plutôt éphémère, les Écoles policières de Québec et de Montréal sont basées sur une offre de cours au besoin. Les recrues n’ont donc pas nécessairement accès à une formation de base avant d’entreprendre leur carrière de policier. Par ailleurs, la gestion de l’administration et des aspects pédagogiques est ininterrompue et se fait à même l’organisation. Ces deux écoles sont en activité au sein de la Sûreté provinciale jusqu’en 1961.

École de police du Québec

L’arrivée des libéraux de Jean Lesage au pouvoir en 1960 provoque une vague de changements au sein de la société québécoise et de son gouvernement. Cette révolution sociale n’épargne pas la Sûreté provinciale. Le premier ministre veut moderniser et professionnaliser le corps de police provinciale. Pour ce faire, le gouvernement nomme dès 1960 un nouveau dirigeant pour l’organisation et sanctionne la « Loi concernant la Sûreté provinciale du Québec » en 1961. Celle-ci crée une première école policière permanente pour la Sûreté provinciale : l’École de police du Québec.
Bien qu’elle soit placée sous la gouverne du directeur général de la Sûreté provinciale, l’École offre également ses services de formation professionnelle aux corps de police municipaux qui en font la demande.

Devant l’exiguïté de ses locaux du quartier général de Montréal et l’impossibilité d’y installer l’École de police du Québec, la Sûreté provinciale se met à la recherche d’un endroit pour y établir son école en 1961. La décision du gouvernement Lesage d’aménager les quartiers généraux de la Sûreté provinciale ainsi que l’École de police du Québec dans un nouveau bâtiment érigé sur la rue Fullum pousse l’organisation à chercher une solution temporaire en attendant de pouvoir intégrer ses nouveaux locaux. Malheureusement, le bâtiment devant abriter l’École ne verra jamais le jour.

Après quelques pourparlers avec le propriétaire du Palais des sports, situé au 550, rue Poupart à Montréal, un bail de quatre ans est signé et l’aménagement de l’édifice est entrepris. Devant des problèmes de financement de la part du propriétaire, les travaux sont arrêtés et le gouvernement se voit dans l’obligation d’acheter le bâtiment dans l’état où il est. Les locaux de l’École sont finalement livrés au ministère des Travaux publics le 18 décembre 1961 et l’entraînement des premières recrues commence le 5 janvier 1962.

La Sûreté provinciale ayant un important besoin de policiers à cette époque, le premier responsable de l’École de police du Québec, l’inspecteur-chef Fernand De Miffonis, entreprend la formation de nouvelles recrues dès le 6 mars 1961, et ce, même si l’École ne possède pas de locaux où l’offrir. Pendant les 13 mois que durent la recherche et l’aménagement des locaux de l’École de police du Québec, les installations de la Palestre nationale sont utilisées pour former les cinq premiers contingents de recrues de l’histoire de l’École.

D’abord prévue pour durer trois mois, la formation des recrues est raccourcie à six semaines pour combler les besoins de l’organisation. Elle est par la suite allongée à huit semaines en septembre 1964. Durant leur formation, les recrues touchent à différents sujets de base tels que l’administration, la législation, la police technique et scientifique, l’entraînement physique, le
defendo, les exercices militaires, les premiers soins, la conduite d’une voiture de patrouille ainsi que le tir au pistolet. Une fois ces connaissances de base acquises, les recrues sont assermentées, puis on leur assigne un lieu de travail.

Les premières années d’existence de l’École sont marquées non seulement par le recrutement intensif, mais également par des difficultés d’approvisionnement en uniformes. L’École peine à habiller ses recrues avant leur affectation à un poste de police. En général, les uniformes arrivent tout juste à la dernière journée de cours ou trop tard. Plusieurs contingents doivent donc commencer leur emploi sans uniforme réglementaire. 

L’enseignement fait aussi face à des défis de taille durant les premières années de l’établissement. Le manque d’espace et d’équipement pousse l’École de police du Québec à prioriser l’enseignement magistral au détriment de démonstrations pratiques. Cette situation nuit alors à l’intérêt et à l’apprentissage des recrues, qui ne possèdent pas d’expériences policières pour contextualiser la matière apprise. À partir de 1963, on tente de pallier le problème en créant divers supports audiovisuels.

À partir de 1966, la Sûreté provinciale décide de former des groupes de cadets policiers au sein de son organisation. Le but avoué de ces groupes est d’orienter les jeunes qui sortent de l’école publique vers une carrière de policier. Ces jeunes n’ayant pas l’âge pour devenir policier, l’organisation veut leur permettre d’acquérir une certaine expérience policière avant leur arrivée au sein de la Sûreté provinciale et ainsi s’assurer qu’ils ne choisiront pas une autre carrière. Pour l’État-major, c’est une façon d’investir dans de futures recrues. Bien que les raisons aient légèrement changé avec le temps, la fonction de cadet existe toujours au sein de la Sûreté du Québec.

Malgré sa volonté d’offrir des services de formation professionnelle aux corps de police municipaux, l’École de police du Québec ne deviendra jamais une école pour l’ensemble des policiers de la province. Bien que quelques cours soient donnés aux policiers municipaux, l’exiguïté des locaux ainsi que le manque de disponibilité et d’installations poussent plusieurs corps de police municipaux à conserver leur école de formation.

Institut de police du Québec

Le problème d’hétérogénéité de la formation des policiers au Québec et la difficulté des corps policiers municipaux à avoir accès à des formations à l’École de police du Québec poussent le gouvernement à inclure dans la « Loi de police », sanctionnée le 21 juin 1968, la création d’une nouvelle institution de formation policière : l’Institut de police du Québec.

Héritier du mandat de l’École de police du Québec, l’Institut est cependant mieux outillé pour le remplir. Il n’est maintenant plus soumis à un corps de police, mais directement au ministère de la Justice. Cela lui confère une prestance beaucoup plus universelle et inclusive envers les corps de police municipaux. L’Institut obtient de nouveaux locaux mieux adaptés à sa mission et profite également d’une meilleure situation géographique. Situé à Nicolet, le campus est au centre du Québec ce qui facilite son accès à un plus grand nombre de corps de police.
Le fonctionnement est également modifié. On passe de contingents composés de recrues d’une même appartenance organisationnelle à des cohortes hétéroclites composées de recrues de la Sûreté du Québec et de corps de police municipaux.

Après la fermeture officielle du Séminaire de Nicolet, le 30 mai 1969, le gouvernement du Québec procède à l’achat des lieux et y installe la nouvelle école de formation policière sous l’autorité de son premier directeur général, Maurice Baril. La première cohorte de recrues (29 de la Sûreté du Québec et 40 de corps de police municipaux) investit les lieux dès le 16 juin de la même année. Pour la première fois, on retrouve dans une même cohorte des policiers venus des quatre coins du Québec recevant un entraînement uniforme.

Après 16 semaines de formation, on procède à la remise des diplômes de la première cohorte de l’Institut le 4 octobre 1969, en même temps que l’inauguration officielle du campus. Durant sa première décennie d’existence, l’Institut se forge une solide réputation en matière de formation policière au Québec et à l’international.

Au fil du temps, de plus en plus de municipalités envoient leurs aspirants policiers à l’Institut. Par ailleurs, le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal confie en 1976 ses recrues à l’Institut de police du Québec, ce qui consacre le caractère universel de l’institution en matière de formation policière au Québec.

En 1974, l’Institut de police du Québec signe une entente avec la Direction générale de l’enseignement collégial sur le partage de la formation en techniques policières. Un protocole sur ce même partage est par la suite signé en 1988. Cette répartition des responsabilités intègre dans le réseau collégial québécois l’Institut, qui offre désormais la dernière session du cycle d’études menant au diplôme d’études collégiales. Par ailleurs, l’Institut remet les certificats de réussite de son programme aux 19 premiers cégépiens venus y compléter leur diplôme d’études collégiales en techniques policières le 16 mai 1974.

Essentiellement basées sur un enseignement traditionnel majoritairement paramilitaire, la philosophie et les méthodes d’enseignement de l’Institut sont révisées au courant de l’année 1978. On se tourne alors vers un enseignement fondé sur la simulation et la rétroaction, plus axé sur les relations humaines. La formation de base s’adapte donc à son époque en s’orientant vers le modèle de la police communautaire qui s’implante tranquillement au Québec.

En 1997, l’Institut de police du Québec entame une autre révision majeure de ses techniques d’enseignement. Il adapte alors la formation de base en s’appuyant essentiellement sur une approche expérientielle. Cette façon de faire permet aux aspirants policiers de mettre en pratique leurs connaissances théoriques dans un contexte qui se rapproche de la réalité.

En 1998, le rapport Corbo sur les mécanismes et le fonctionnement du système de déontologie policière est rendu public. Il recommande entre autres la création de l’École nationale de police du Québec pour favoriser la mise en place d’un système intégré provincial de formation policière. Cette recommandation et la révision majeure des techniques d’enseignement entamées en 1997 sont à l’origine de la transformation de l’Institut de police du Québec en École nationale de police du Québec.

École nationale de police du Québec

Le 1
er septembre 2000, l’École nationale de police du Québec se substitue à l’Institut de police du Québec, conformément à la « Loi sur la police » sanctionnée la même année. L’École est alors désignée par cette loi comme maître d’œuvre de la formation policière au Québec et devient un partenaire incontournable pour la Sûreté du Québec.

L’École a pour mission d’assurer la formation initiale dans le domaine de la patrouille-gendarmerie, de l’enquête et de la gestion policière. Elle joue également un rôle-conseil auprès des organisations policières en matière de formation professionnelle et de plans de formation.

En 2001, le gouvernement décide de donner à l’École nationale de police du Québec les moyens de ses ambitions en entamant des travaux d’agrandissement et d’aménagement majeurs sur le campus. Ces travaux comprennent, en plus de la restauration totale du bâtiment de l’ancien Séminaire de Nicolet et des unités d’hébergement existantes, la construction de nouvelles unités d’hébergement, d’un complexe de tir, de pavillons de simulations, d’amphithéâtres multimédias, d’un bassin d’entraînement ainsi que d’un circuit routier. Les travaux se termineront en 2004.

En 2002, on entreprend l’actualisation de la formation de base en y ajoutant une semaine de cours. Les enquêtes, le tir au pistolet et la conduite d’un véhicule d’urgence sont les principales matières bonifiées par cet exercice pédagogique. On augmente également de 600 à 640 le nombre d’aspirants policiers accepté annuellement. Une première formation en ligne est aussi ajoutée en 2009, soit la mise à jour des connaissances des techniciens qualifiés en éthylomètre.

L’École s’engage également à l’échelle internationale. Elle s’associe en 2008 à la Sûreté du Québec et à la Police nationale française pour créer le Réseau international francophone de formation policière (Francopol). En bref, cet organisme veut faciliter la mise en commun des meilleures pratiques policières à travers les organisations de sécurité publique internationales francophones. Le secrétariat général est d’ailleurs installé au Grand quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal.

En 2020, la pandémie de COVID-19 déferle partout sur la planète, y apportant son lot de problèmes et de défis. L’École nationale de police du Québec n’y fait pas exception et doit s’adapter à la réalité pandémique. Règles sanitaires et éclosions la poussent alors à instaurer des tests d’entrée en ligne, à créer de nouvelles formations en mode hybride et à bonifier l’offre de formations en ligne pour minimiser l’impact de la pandémie sur le taux de diplomation des aspirants policiers.

Tout au long de son histoire et jusqu’à aujourd’hui, l’École nationale de police du Québec a su améliorer ses techniques d’enseignement et moderniser ses installations pour devenir le centre névralgique de la formation policière au Québec. Elle a également été en mesure de nouer des partenariats locaux et internationaux grâce auxquels elle participe activement à la recherche en formation policière, se forgeant ainsi une réputation enviable parmi les grandes écoles policières du monde.

Parallèlement à la création de l’École nationale de police du Québec, la Sûreté du Québec entame, en 1997, une réforme globale de la formation continue de son personnel dans le but d’uniformiser et de contrôler la qualité de la formation offerte à ses employés, et ce, en complémentarité de ce qui est offert par l’École. Avant cette réforme, la formation continue était complètement décentralisée, de sorte que chaque besoin était traité à l’échelle locale par des formateurs, selon des méthodes différentes.

« Encore aujourd’hui, en raison de son niveau de service, la Sûreté [du Québec] se doit de développer, en complément de la formation donnée par l’École, ses propres formations à l’interne. Elle doit aussi compléter son offre avec de nombreuses formations policières très spécialisées, et uniquement données au Collège canadien de police, et même dans des institutions spécialisées aux États-Unis et en Europe, de manière à ce qu’elle dispose de toutes les expertises nécessaires pour réaliser sa mission. » (Sûreté du Québec, 2020 : 74)


François Beaudoin, conseiller en patrimoine, 2023

Musée de la Sûreté provinciale

Jusqu’au tout début des années 1960, le Quartier général de la Division de Québec, situé au 300, boulevard Saint-Cyrille, était reconnu pour abriter une exposition d’objets plutôt inusités. C’est à la demande du chef divisionnaire, le lieutenant-colonel Léon Lambert, qu’une section du corridor du rez-de-chaussée du bâtiment est aménagée en véritable cabinet de curiosités.

Le quartier-maître de l’époque, le lieutenant Rosaire Drolet, se voit donc confier la tâche monumentale de regrouper et d’exposer une collection rassemblant d’authentiques pièces à conviction. On y retrouve, entre autres, des armes à feu, des couteaux, des gourdins, des haches et même un lot d’objets récupérés lors d’une « descente » dans une fumerie d’opium, de la fausse monnaie et des machines à sous saisies lors du démantèlement de salons de jeux clandestins.

Certains de ces éléments sont reliés à des enquêtes bien connues du public. Il y a les objets ayant servi à infliger des sévices à Aurore Gagnon « l’enfant martyre », décédée en 1920. On y retrouve aussi la réplique de la bombe à retardement de l’
affaire Albert Guay en 1949, ainsi qu’une trentaine de cordes de pendaison, dont celle de la dernière femme pendue au Canada, le 9 janvier 1953. Bref, ce lot d’objets représente de nombreuses enquêtes régionales effectuées par la division entre 1870 et 1961.

Malgré la place prépondérante donnée aux pièces à conviction dans l’exposition, le musée exhibait également une quantité non négligeable d’objets utilisés par les policiers de la division tels que des pièces d’uniforme, des insignes, des menottes, des matraques et des armes à feu de service.

Or, en 1961, les grandes réformes policières et la centralisation des pouvoirs à Montréal mènent à la fermeture du Quartier général divisionnaire. Le musée est donc démonté, emballé et transporté au nouveau Grand quartier général, alors situé au 360, rue McGill à Montréal. Malheureusement, les boîtes n’y ont jamais été ouvertes… Puis, en 1968, lors de l’occupation officielle de l’actuel Grand quartier général de Montréal, sur la rue Parthenais, les mêmes boîtes sont déménagées à nouveau, sans toutefois soulever de passion. Elles restent scellées et demeurent dans l’oubli général.

Ces boîtes ont été redécouvertes seulement en 1983. La quasi-totalité des traces reliant les objets à leurs crimes respectifs a disparu. Cependant, certaines informations permettent de contextualiser l’origine de ces objets mystérieux. Au total, ce sont environ 300 pièces historiques qui sont parvenues jusqu’à nous, et certaines sont les plus vieilles de la Collection patrimoniale de la Sûreté du Québec.

Frédéric Martel, technicien en muséologie, 2020

Patrouille nautique à la Sûreté du Québec

C’est bien connu, le Québec est l’un des endroits au monde où l’on retrouve le plus grand nombre de lacs et de plans d’eau douce. Cette grande accessibilité en voies navigables a permis le développement de la navigation de plaisance dans la province. Ce type de navigation est régi par la « Loi sur la marine marchande du Canada » qui est appliquée par Transport Canada et par la Garde côtière canadienne.

Le mandat général de la Sûreté du Québec consiste à maintenir la paix et la sécurité publique sur l’ensemble du territoire québécois, ce qui inclut également les eaux intérieures. C’est pourquoi l’application de ce mandat, dès 1971, devient la pierre angulaire de la présence de la Sûreté du Québec sur les plans d’eau de la province. Néanmoins, pendant plusieurs années, cette surveillance est discontinue et non prioritaire en raison, surtout, de ressources humaines restreintes et de l’absence d’équipement adéquat, performant et sécuritaire. Ces patrouilles sporadiques s’effectuent tout de même lors de rencontres sportives telles que des régates et des courses de canots, ou encore, lors d’événements plus importants, comme les Jeux du Québec. À cela s’ajoute également la présence locale des agents en réponse à des plaintes de cambriolage de chalets plus isolés ou à des vols de moteur hors-bord, un domaine connexe.

Avec une moyenne d’environ 35 % des noyades en lien avec la navigation de plaisance et les activités nautiques à la fin des années 1970, la Sûreté du Québec constate l’importance de la prévention en sécurité nautique. Consciente de son manque de ressources, l’organisation cherche alors un moyen d’action approprié pour rejoindre les plaisanciers. Pour atteindre ce nouvel objectif, la Sûreté du Québec conclut qu’une augmentation de la présence policière en milieu nautique et des interventions appropriées s’avèrent essentielles.

Les premières initiatives de l’organisation en ce sens datent de la fin des années 1970 avec la mise en place des « patrouilles de quai ». Ces dernières permettent, avec peu de moyens, d’intervenir directement au quai, soit au départ et à l’arrivée des bateaux et des plaisanciers. Adopté par l’organisation, ce type de patrouille est alors combiné à la patrouille nautique à partir de l’été 1978.

Après une année de jumelage avec la Garde côtière canadienne et la Gendarmerie royale du Canada, la Sûreté du Québec décide de former ses premiers préposés à la sécurité nautique en 1979. Trente-deux policiers sont donc choisis parmi les pelotons d’unités d’urgence en province (deux par peloton) ainsi que les sections de plongée sous-marine. L’année suivante, en mars 1980, les 32 nouveaux préposés suivent une formation de sécurité nautique d’une semaine, à
Duchesnay.

Au fil des années, l’organisation améliore son offre de service en sécurité nautique en augmentant le nombre de patrouilleurs et de bateaux disponibles. En effet, à l’été 1992, on ne compte pas moins de 65 policiers formés à la patrouille nautique et 16 embarcations réparties sur le territoire desservi par la Sûreté du Québec, le tout, coordonné par le Service des mesures d’urgence.

À la suite de l’adoption de la « Loi concernant l’organisation des services policiers » en 2001, la Sûreté du Québec oriente ses activités en fonction des niveaux de service à assurer. Pour livrer les services requis à la population, l’organisation se tourne vers l’acquisition de nouveaux équipements et la formation de nouveaux policiers. Rapidement, en 2002, la Sûreté du Québec accroît sa flotte, passant de 22 à 65 embarcations. La flotte est répartie entre les unités de sécurité routière ou d’urgence, mais également dans certaines municipalités régionales de comté (MRC) stratégiques. Cette même année, la Sûreté du Québec fait également grimper ses effectifs de patrouilleurs nautiques à 150, triplant ainsi le nombre de policiers affectés à cette fonction. La saison suivante, 250 patrouilleurs nautiques sont déployés sur les plans d’eau par l’organisation.

De nos jours, les patrouilleurs nautiques œuvrent principalement dans la prévention et la sensibilisation aux lois et aux règlements en vigueur dans le domaine, s’inscrivant ainsi dans le concept de police de proximité valorisé par l’organisation depuis plusieurs décennies.


Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2021

Police communautaire et police de proximité

En décembre 2000, le ministère de la Sécurité publique publie une politique ministérielle pour favoriser l’implantation du concept de police communautaire dans l’ensemble des corps policiers du Québec. Dans cette politique ministérielle, on peut lire que quatre principes sont à la base de la police communautaire, soit : le rapprochement avec les citoyens, le partenariat avec d’autres institutions, l’approche de résolution de problèmes et le renforcement des mesures préventives. Les orientations de cette politique ministérielles sont basées sur les résultats de divers projets menés au Québec et dans d’autres pays. Pour sa part, la Sûreté du Québec a commencé à s’intéresser à la police communautaire plusieurs décennies avant cette politique ministérielle.

Vers la fin des années 1970, la Sûreté du Québec commence à implanter le concept de police communautaire en mettant sur pied, en collaboration avec différents corps policiers, des comités de prévention du crime dans les différentes régions qu’elle dessert. C’est dans cette mouvance communautaire que le comité de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean se donne comme objectif de trouver une mascotte pour promouvoir la prévention du crime. Le comité décide donc de créer Préventonix le 29 novembre 1978. Le mandat de la mascotte est simple : publiciser le programme de prévention régionale mis en place, vulgariser les concepts de prévention du crime et aider les animateurs lors de tournées dans les écoles de la région. La mascotte sera tellement populaire que d’autres régions voudront bénéficier de sa présence.

Durant les années 1980, la Sûreté du Québec décide d’orienter ses relations publiques vers les besoins de la collectivité et le partage avec cette dernière de ses responsabilités en matière de contrôle social. Pour ce faire, l’accent est mis sur les contacts avec le public et la promotion d’habitudes de prévention chez les citoyens. Au cours de cette décennie, la Sûreté du Québec va également participer à plusieurs œuvres de charité, dont la campagne de souscription de l’Association québécoise de la fibrose kystique.

En 1983, on voit l’apparition de la nouvelle mascotte Police-Ami. Cette dernière se veut un « agent de liaison entre les jeunes et la Sûreté du Québec ». Sa première apparition a lieu lors de la course de boîtes à savon annuelle de Buckingham. Cette nouvelle mascotte a comme mandat d’enseigner les dispositions du Code de la sécurité routière et de certaines lois criminelles, de servir de confident pour les jeunes en difficulté et d’assister à toutes les activités auxquelles elle sera invitée.

Depuis des décennies, la philosophie policière en Amérique du Nord définissait le succès du travail des policiers par la rapidité de l’intervention de ces derniers. Pour atteindre ce niveau de succès, les corps de police ont longtemps misé sur la technologie des communications et les patrouilles motorisées. Cependant, vers les années 1970 aux États-Unis et vers la fin des années 1980 pour la Sûreté du Québec, le bilan est évident : la course aux technologies a progressivement éloigné le patrouilleur de la population qu’il dessert. Il fallait maintenant faire changer les choses et établir une philosophie de coopération entre le patrouilleur et la collectivité.

L’année 1987 est signe du début de ce changement pour la Sûreté du Québec. Cette métamorphose commence par la création du Service des relations communautaires comprenant, à partir de 1989, une division des relations interculturelles.

Dès 1990, la Sûreté du Québec s’engage dans l’approche communautaire en mettant sur pied un projet pilote au poste de Papineauville. Ce projet permet aux citoyens de la région, par l’intermédiaire d’un comité consultatif formé de représentants de tous les milieux de la municipalité, de participer de manière active à la sécurité de leur communauté. L’année 1990 témoigne également de la mise en place, par le ministère de la Sécurité publique, d’un code de déontologie unique pour tous les corps policiers du Québec. Ce dernier permet une plus grande transparence du processus de traitement des plaintes.

En 1991, la collaboration entre la Sûreté du Québec et les Caisses Desjardins mène à la création de l’Agent Cpopulaire. Le mandat de ce robot éducateur est de diffuser aux enfants des messages concernant la prévention. Il sera présent dans différents événements communautaires impliquant l’organisation.

C’est également en ce début des années 1990 que nous assistons aux prémices de la réorganisation de la carte policière québécoise. En effet, en 1991, une première loi vient bouleverser l’ordre établi depuis 1968. Dorénavant, les petites municipalités qui étaient desservies gratuitement par la Sûreté du Québec doivent payer les coûts de la sécurité publique qu’elles requièrent. Cette réforme pousse inévitablement les municipalités à tenter de réaliser des économies d’échelle par le biais d’ententes régionales. Ces changements incitent la Sûreté du Québec à implanter plus rapidement le modèle de police communautaire.

Entre 1992 et 1994, la Sûreté du Québec installe progressivement des comités consultatifs dans une centaine de postes. Cette période coïncide aussi avec l’intégration du processus permanent de consultation de la clientèle au mode de gestion de l’organisation et à l’adoption de l’approche stratégique de résolution de problème. Le poste de police local devient le pivot de la structure d’intervention de la Sûreté du Québec.

En 1996, la « Loi modifiant la loi de police et d’autres dispositions législatives » stabilise la desserte policière et oblige les municipalités de moins de 5000 habitants à recourir aux services de la Sûreté du Québec. La mise en œuvre des ententes de desserte policière découlant de cette loi donne lieu à l’implantation d’une police de proximité au sein de l’organisation.

En 1997, la Sûreté du Québec lance le programme de réconfort mettant en vedette la mascotte et les oursons en peluche Polixe. Cette initiative vise à soutenir et consoler les enfants ayant vécu une situation difficile. Des milliers d’oursons seront distribués dans les voitures de patrouille afin que les patrouilleurs puissent avoir recours à leur service lorsque requis.

En 2001, l’adoption de la « Loi concernant l’organisation des services policiers » vient une fois de plus bouleverser la desserte policière. En effet, à compter du 21 juin 2001, ce sont les municipalités de moins de 50 000 habitants qui tombent sous la juridiction du corps de police nationale. L’urbanisation du mandat de la Sûreté du Québec confirme l’importance de l’implantation de la police de proximité dans l’organisation.

Voyant l’urbanisation de ses mandats, la Sûreté du Québec profitera de ce vent de changement pour consolider le modèle de police de proximité en bonifiant la formation offerte. Cette nouvelle formation reprend les cinq grands axes de la police de proximité tout en y intégrant les différentes tâches des policiers. Les cinq grands axes sont : la présence familière des policiers dans les municipalités, la qualité des services offerts aux citoyens, le partenariat avec la population, la consultation de la clientèle et la résolution de problèmes de sécurité publique.

L’évolution de la police communautaire et l’implantation d’une police de proximité à la Sûreté du Québec auront permis à cette dernière d’être prête à affronter les défis émanant de ses nouveaux mandats et des réformes de la desserte policière au Québec.

Patrimoine de la Sûreté du Québec, 2020

Police de la route

La préoccupation des autorités pour le respect des limites de vitesse sur les routes du Québec ne date pas d’hier. Déjà en 1827, les marguilliers, des agents de la paix qui surveillent les lieux de culte et leurs alentours, obtiennent le mandat d’appréhender les conducteurs de voitures et de chevaux qui font des excès de vitesse dans leur zone de juridiction.

L’augmentation de la circulation automobile au début du 20
e siècle pousse le gouvernement à légiférer en matière de circulation. On procède donc à l’adoption d’une première loi sur les véhicules moteurs en 1904. Des constables sont alors affectés à l'application de la loi. Sous la responsabilité du département du Trésor, ils se chargent de percevoir les frais d’immatriculation et de permis de conduire.

Avec un nombre toujours plus élevé d’automobiles sur les routes de la province, le gouvernement décide de créer, en 1914, le département de la Voirie. À bord de motocyclettes, des constables, surnommés « officiers de vitesse », patrouillent sur les routes de la province pour surveiller la circulation et appréhender les conducteurs en infraction. N’ayant pas accès à un cinémomètre, ces « officiers de vitesse » estiment la vitesse des conducteurs en chronométrant leur déplacement.

En 1925, une première unité officielle de la Police de la circulation est créée sous la dépendance du département de la Voirie. Ces policiers vont patrouiller sur les grandes routes rurales et, graduellement, les grandes artères de la province. Surnommés
spotters, ils héritent des mandats de leurs prédécesseurs les « officiers de vitesse ». Graduellement, cette fonction prend de l’importance, et de plus en plus de patrouilleurs sillonnent les artères principales de la plupart des régions du Québec.

Le travail de
spotter n’est pas exempt de dangers et de difficultés. La patrouille se faisant 10 mois par année, on décide d’installer un side-car aux motocyclettes afin d’améliorer la stabilité durant l’hiver ou sur les routes mal entretenues.

Les appareils de radiocommunication dans les véhicules n’existant pas encore, les postes de police doivent compter sur la collaboration de citoyens pour joindre les patrouilleurs. Les citoyens allument une ampoule, habituellement à l’extérieur de leur maison, pour signifier au patrouilleur qu’il doit s’arrêter pour prendre un message, parfois même urgent. Cette pratique persiste jusqu’à la démocratisation des radiocommunications dans les véhicules de patrouille.

Intégrée à la Sûreté provinciale en 1938 grâce à la « Loi relative à la Sûreté provinciale », la Police de la circulation est renommée « Police de la route » et devient l’une des quatre branches de l’organisation. En plus de faire respecter les règlements de la circulation, les nouveaux policiers de la route acquièrent les mandats d’enquêter sur les accidents et les vols de véhicules. C’est également à cette époque que la loi permet l'établissement de postes permanents de police ainsi que de postes de pesée sur tout le territoire québécois.

En 1945, malgré l’acquisition d’une première flotte d'automobiles identifiées, la motocyclette demeure le transport de patrouille privilégié par les
spotters jusqu’aux années 1960.

Bien qu’elle ait été détrônée par le véhicule automobile, la motocyclette a marqué l’histoire de la Sûreté du Québec. Pendant longtemps, les
spotters ont été les seuls représentants d’une police gouvernementale dans l’ensemble des régions du Québec. Ils sont, en quelque sorte, les ancêtres de nos patrouilleurs actuels.

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Police des autoroutes

Le 21 février 1957, la « Loi autorisant la construction d’une autoroute Montréal-Laurentides » est adoptée par le Conseil législatif et l’Assemblée législative du Québec. Celle-ci, en plus d’autoriser la construction de l’autoroute Montréal-Laurentides, aujourd’hui l’autoroute 15, amène également la création de l’Office des autoroutes. Le mandat de ce dernier est de superviser et d’organiser la construction des routes, des ponts, des viaducs et des tunnels majeurs au Québec, ainsi que de veiller à leur entretien et à l’observance des lois de circulation sur ces infrastructures. La nouvelle loi lui octroie aussi le pouvoir de mettre en place des postes de péage et d’en établir les taux, mais surtout, le droit de mettre sur pied une police pour faire respecter la législation en lien avec les autoroutes. En 1959, après l’ouverture de l’autoroute 15, l’Office des autoroutes crée donc la Police des autoroutes dans cette optique.

La popularité des autoroutes est immédiate, et la circulation automobile est plus importante que prévu. Le réseau autoroutier, plus particulièrement l’autoroute 15, est littéralement pris d’assaut par plus de quatre millions d’automobilistes. Une telle affluence apporte nécessairement un grand nombre d’accidents et d’accrochages. En 1962, un ancien membre de la Gendarmerie royale du Canada, monsieur Fernand Trépanier, est nommé inspecteur en chef de la Police des autoroutes. Son but étant de faire respecter les lois et, par le fait même, de réduire le nombre d’accidents et d’accrochages recensés en 1961, Trépanier décide d’augmenter à 20 le nombre d’agents au sein de son service de police.

En juin 1980, les 111 policiers de la Police des autoroutes sont intégrés à la Sûreté du Québec et leur organisation est abolie. Ils sont officiellement assermentés le 30 mai 1980 au Grand quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. Cet événement marque l’aboutissement du désir des agents des autoroutes d’être reconnus à part entière comme de « vrais policiers ».

Depuis la création de l’Association des policiers des autoroutes du Québec en 1974, tous les efforts de cette dernière sont orientés vers l’obtention d’un statut de policier et, par la suite, l’adhésion à la Sûreté du Québec. Le travail acharné du président de l’association, monsieur Marcel Ouellette, et les recommandations d’intégration de la Police des autoroutes faites par la Sûreté du Québec depuis une décennie ont porté fruit. En effet, le gouvernement québécois adopte, le 21 décembre 1979, la loi 48 permettant l’adhésion des policiers des autoroutes à la Sûreté du Québec. L’ancienneté et les conditions de travail des agents sont respectées, mais ceux-ci doivent tout de même suivre une formation de mise à niveau.

En 1984, la Sûreté du Québec hérite également de l’application des règlements liés au transport routier. Ainsi, les surveillants du Service d’inspection du ministère des Transports sont aussi intégrés dans l’organisation. Ce mandat est cependant de courte durée, puisqu’en 1991, cette responsabilité est remise à la Société de l’assurance automobile du Québec.

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